Pierre Moser devant le collège de Rochefort. |
Ce 1er
juillet, Pierre Moser a pris sa retraite. Rochefort-News a rencontré l’enseignant il y a quelques semaines. L’occasion
de faire un retour sur une riche carrière débutée en 1976. Récit !
Débuts dans l’enseignement
Pierre Moser, c’est une institution dans la
commune de Rochefort. A 62 ans, l’enseignant est sans doute incapable
d’énumérer le nombre d’élèves qui ont fréquenté sa classe au cours de sa
carrière. Il faut dire que le bonhomme a tout de même vécu 40 rentrées. Il
évoque la première d’entre-elles avec un brin de nostalgie : « A l’époque, je sortais de l’école normale.
Il y avait 12 places dans le canton pour 72 éligibles. Pierre-Yves Dubois,
alors en charge des 3-4-5ème primaires du village (32 élèves), était
alors à la recherche d’un assistant-enseignant pour une durée d’une année ».
Pierre Moser a alors été choisi pour ce poste : « Le hasard des postulations a fait que je me
suis retrouvé à Rochefort ». Nous sommes en 1976. A cette époque, le
collège de Rochefort n’arborait pas son actuelle couleur saumon mais un gris
triste, et ne comptait que 45 élèves (contre 70 actuellement).
Travailler à
Rochefort ? Un privilège.
Dès 1977, Pierre Moser était nommé comme
professeur attitré. Aujourd’hui, il ne regrette pas son choix : « Je n’ai pas de regrets, au contraire.
Actuellement, travailler à Rochefort c’est un privilège, parce que c’est petit.
Tout est très simple, en cas de problème, on peut se retrouver autour d’une
table à la récréation, pas besoin d’agender des séances ». Un privilège qui
a eu tendance à s’atténuer avec la création des cercles scolaires ces dernières
années : « La création des
cercles scolaires, ça a changé beaucoup de choses. Quand on a vécu 36 ans de
liberté, avec une commission scolaire qui fait confiance, on prend des
initiatives. Quand tout à coup, on nous demande des comptes, on nous impose des
contraintes, c’est difficile à accepter ». Parmi les anecdotes du
passé, il cite l’époque où les élèves passaient leurs après-midis à la
patinoire naturelle du village, il y a 30 ans, sans que cela n’ait d’influence sur le programme
scolaire.
Un adepte de l’école
de la vie
A ce propos, Pierre Moser est un adepte de
l’école de la vie. Il explique que les « Les activités extrascolaires, ce n’est pas quelque chose en plus du
programme, mais ça en fait partie ». Il cite l’exemple du camp de
ski, des courses d’école ainsi que du spectacle annuel. Ce dernier permet par
exemple de travailler l’expression orale, la mémorisation et l’oreille
musicale. Le spectacle annuel fait d’ailleurs partie des aspects du métier
qu’il apprécie. Il souligne le caractère unique de la manifestation :
« Un spectacle de manière aussi
régulière et sous cette forme-là, c’est certainement unique dans le
canton ». Il revient sur l’historique de l’évènement : « Lorsque j’ai été engagé, il s’agissait d’un
simple spectacle musical avec entracte. Dès l’année suivante, on a organisé une
kermesse, avec des jeux pour les enfants dans la cour du collège. A l’époque,
il n’y avait pas de tente, nous étions donc sujet aux intempéries ».
Quelques années plus tard, le spectacle a pris une nouvelle dimension :
« Au début des années 1980, les deux
remplaçantes de Danièle Walser, alors en congé maternité, ont organisé une
partie ‘spectacle’, avec sketch, guitare, etc. une prestation vraiment bien
ficelée. Dès l’année suivante, avec Pierre-Yves Dubois, nous avons décidé
d’organiser un véritable spectacle, avec un fil rouge. On a ensuite eu
l’opportunité d’utiliser l’ancienne tente des Sociétés Locales, qui était
située au sud du collège. La commission scolaire s’est petit à petit chargée de
l’organisation des animations aux alentours du collège, tandis que l’école
s’est chargé du spectacle, tel qu’actuellement ».
Témoin de l’évolution
des mœurs
Depuis ses débuts, Pierre Moser s’est frotté à
près de 2 générations d’élèves. Il dénote une évolution de leur comportement
parallèle à celle de notre société : « Les
enfants ont changé, parce que la société a changé. Les enfants sont devenus de
grands consommateurs ». Il souligne cependant la chance de Rochefort
qui échappe encore partiellement à ce phénomène de consommation : « A Rochefort, on est heureusement encore un
peu privilégié. Les enfants n’ont pas encore complètement été contaminés par
cette société consumériste ». Seuls quelques élèves possèdent des
téléphones mobiles, et ne sont pas autorisés à les utiliser à l’école. Pierre
Moser relève aussi un phénomène inquiétant : « De plus en plus de parents connaissent de moins en moins leurs enfants ».
Il explique : « Certains
enfants fréquentent régulièrement la structure d’accueil, et ne voient leurs
parents qu’à partir de 18h. Notre société veut que les deux parents travaillent
et les enfants sont donc moins en contact avec eux ». Il tient à adresser ce message non
pas comme un reproche, mais bien comme une constatation.
Une fin de carrière au
jour le jour
A la question de savoir s’il se réjouissait de
prendre sa retraite (l’entretien se déroule en mars 2016), l’enseignant avoue
ne pas encore trop y penser : « Je
suis ni triste, ni heureux de cette retraite. Je vis l’instant présent, je fais
mon travail jusqu’au bout, bien que je pense davantage aujourd’hui à ce qui
m’attend pour le futur qu’il y a 2 ou 3 ans ».
Son message pour la suite de l’enseignement
invoque une remise en question de l’uniformisation et de la centralisation qui
touche notre société, à l’image des fusions communales et de la création des
cercles scolaires : « Nous devons
réfléchir à la taille qu’on aimerait avoir, il est important d’avoir des structures
qui permettent aux populations locales de discuter de
ce qui les concerne. Ce n’est pas parce qu’on fait partie du même cercle qu’on
doit voir les choses de la même façon ».
La suite ? Des
voyages.
Pierre Moser est déjà plein de projets pour la suite.
En automne, il souhaite rejoindre sa fille et sa petite-fille qui vivent
actuellement en Argentine. A cet effet, il prend des cours d’espagnol depuis
octobre dernier. Parmi ses projets, quelques voyages en Europe, ainsi qu’un peu
de temps à consacrer à son jardin et aux balades dans le Jura, qui vivra verra.
Rochefort-News remercie Pierre Moser pour cet entretien (réalisé le 21 mars 2016) et lui souhaite bon vent pour la suite !
Liens relatifs :
Rochefort-News remercie Pierre Moser pour cet entretien (réalisé le 21 mars 2016) et lui souhaite bon vent pour la suite !
Liens relatifs :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire